Certains s’étonneront de ce que je souhaite, cinq mois après le verdict des urnes, revenir sur un sujet qui nous a bien occupés au début de l’été et sur lequel les avis ont parfois divergé au sein même de notre CFTC : formuler ou pas des consignes de vote lors d’élections politiques, nationales ou autres ?
Je leur répondrai que cinq mois ne sont pas de trop pour évaluer les conséquences d’une décision. Que ces cinq mois nous ont surtout confortés dans l’idée que nous avions pris la bonne décision en ne formulant pas de consignes de vote. Qu’il s’agisse des «remontées terrain» via vos fédérations et vos unions géographiques ou des échanges que j’ai pu avoir avec vous lors de mes déplacements, la tendance est très claire : les salariés, les agents des services publics, vos collègues ont apprécié qu’on ne les infantilise pas en les prenant par la main et en leur disant pour qui voter ou ne pas voter! Ils ont apprécié que la CFTC ne se prenne pas pour ce qu’elle n’est pas : un parti politique.
Alors oui, nous faisons de la politique au sens le plus noble du terme quand nous défendons, dans les ministères ou à Matignon, notre vision de la protection sociale ou encore de la formation professionnelle. Vous faites de la politique quand vous négociez dans les branches ou dans les entreprises un meilleur partage de la valeur. Ensemble et quel que soit le niveau d’action, c’est une vision du vivre ensemble, de l’organisation de la «cité» que nous portons avec nos valeurs qui sont aussi nos différences!
En revanche, nous ne faisons pas de politique au sens partisan du terme.
Notre indépendance vis-à-vis de tous les partis politiques est un trésor sur lequel la CFTC prospère depuis 100 ans! Être indépendants ne signifie pas, pour autant, que nous n’avons pas vocation à travailler avec les partis politiques.
Représentés au Parlement, ils votent des lois qui touchent à nos cœurs de mission et pour lesquelles ils nous consultent. Cette «cohabitation» dans le respect des prérogatives de chacun suppose un traitement à égale distance de l’ensemble des partis représentés au Parlement. La CFTC n’est plus indépendante si elle ostracise certains de ces partis, tout en privilégiant les autres. C’est aux juges qu’il appartient de dire s’ils sont tous ou pas républicains, pas à la CFTC.
Républicaine et démocrate, la CFTC l’est assurément, et c’est pourquoi elle se réjouit de la pluralité des partis au Parlement tout comme elle se réjouit de la pluralité des syndicats dans les entreprises et les services publics. Inutile de vous rappeler que toutes les organisations syndicales n’ont pas toujours œuvré dans ce sens! Permettez-moi de conclure par une considération opportuniste : cet apolitisme qui est le nôtre, s’il est bien compris et bien relayé, constitue, j’en suis plus que convaincu, un formidable levier de développement en termes d’adhésions comme en termes d’élections!
Cyril Chabanier
Président confédéral
Source : la Lettre confédérale n°1608 du mois de novembre 2024